Il est bientôt 8h45, on voit passer des motards dans SORÈZE. Où peuvent-ils aller ? Pour commencer, ils vont à la station essence ! Ils se disent bonjour dans la fraîcheur matinale et font le plein de leurs engins. Puis direction la salle des MOUREAUX.
Là, d’autres motards les attendent. On discute, on rigole, on regrette que le trésorier n’ait pas les clefs du local pour boire un petit café. On étudie le parcours en se réjouissant à l’avance. On se met d’accord sur les détails techniques : penser à faire une halte vers 10h30. On téléphone au retardataire, puis non, c’est pas la peine, le voilà qui arrive ! On le chambre un peu puis on enfourche nos bécanes que l’on démarre les unes après les autres. On s’échange un regard, tous le monde est fin prêts, la balade commence !
Il est 9h, six motards du moto club soréziens s’élancent sur le bitume qui réfléchit le soleil : une belle journée s’annonce. L’allure est modérée, il faut chauffer la mécanique, les pneumatiques. Nous retraversons SOREZE, direction LABRUGUIERE dans un premier temps. Il n’y a pas grand monde sur la route. Nous roulons tranquillement sur cette route connue de tous.
Mais que se passe-t-il ? L’un de nous nous dépasse en faisant signe ! On s’arrête entre les bonnes sœurs de Ste Scholastique et les prêtres d’En Calcat. On va aux infos. « Jean-Marc s’est arrêté à cause de son téléphone, il faut l’attendre ». Ouf, rien de grave. Et déjà, Jean-Marc arrive. On peut continuer.
Les motos sont chaudes, il faut maintenant chauffer les pilotes. L’allure est plus soutenue, mais reste proche des limitations en vigueur. Nous roulons sans encombre jusqu’à SAINT-AFFRIQUE-LES-MONTAGNES. Le village passé, nous descendons dans une légère brume qui nous ralentit quelque peu. C’est à l’approche de LABRUGUIERE que nous pouvons retrouver notre vitesse de croisière car la visibilité est excellente. Mais il faut déjà ralentir pour traverser l’agglomération. Puis direction MAZAMET.
La route est bonne, ça roule. Mais certains sont allés trop vite la veille ! A la sortie d’un grand droite, une voiture est sur le toit dans le bartas. Cela me rappelle que l’accident est possible, il faut être prudent. Nous continuons à rouler, nous traversons MAZAMET dans une circulation fluide. On voit que c’est dimanche ! Puis direction LABASTIDE ROUAIROUX.
Quelques rares voitures nous ralentissent un peu. Mais ce qui va le plus nous ralentir, c’est une portion de circulation alternée. Passé le feu orange clignotant, nous avons l’explication de cet aménagement : les dernières fortes pluies ont drainé de la boue jusque sur la route. Heureusement, un côté de la voie est resté praticable. Ce n’est pas aujourd’hui que Bertrand essayera les qualités tout terrain de sa nouvelle acquisition. Quoique. La promenade n’est pas terminée.
Il est 10h passées, nous rentrons dans LABASTIDE ROUAIROUX. J’ai le cœur qui bat plus vite. Une portion intéressante arrive. Nous tournons à droite : direction NARBONNE. Passé le panneau qui indique la fin de limitation à 50, la cession plaisir commence. C’est du bon revêtement sinueux sur plusieurs kilomètres. On croise de rares voitures, elles sont prudentes et restent bien sur leur voies. On enchaîne les virages. Ici, pas besoin de rouler vite pour apprécier la moto. Pas de mauvaise surprise. On reste prudent tout de même car certains virages sont sans visibilité. On croirait que la route a été taillée dans la roche. On se fait plaisir mais on ne se fait pas peur. C’est pas le but. C’est le pied jusqu’au panneau LES VERRERIES DE MOUSSANTS.
Là, on calme le jeu. On se dit que le bonheur c’est peut-être de posséder un cabanon et un super-motard aux Verreries. Fini de rêver, le meilleur reste à venir. Sortie du patelin, on prend encore direction NARBONNE.
Et c’est reparti pour une route propre et sinueuse. On se concentre de nouveau. Ça monte davantage. Le décor est plus accueillant : une forêt. C’est mieux pour la visibilité. On double quelques caisses. Ça y va. Personne n’est feignant. Mais c’est pas la grosse arsouille quand même. D’autant plus qu’ici la chaussée est par moment humide. Mais pas de quoi mettre en défaut nos pneus. La côte se fait moins raide. Les virages moins nombreux. On est arrivé sur le plateau. C’est la fin de ma route préférée aujourd’hui. Mais ce qui vient est sympa aussi : on a rejoint la route SAINT-PONS → NARBONNE.
Ici la route est plus large, le bitume bien sec, et les virages sont nombreux sur plusieurs kilomètres. Il n’y a pratiquement aucune voiture ou autre véhicule. La symphonie peut commencer : Accélération, freinage, virage, accélération… On ne va pas très vite quand même. Cela n’est pas nécessaire pour se faire plaisir ici. Il faut bien accélérer un peu pour aller d’un virage à l’autre, mais le but n’est pas de faire des pointes de vitesse. Y’a de quoi prendre de l’angle. S’en est presque enivrant. On enchaîne les virolos et petit à petit on descend sur le plateau. Puis direction BEZIERS. C’est du ralliement. La route n’a pas d’intérêt particulier.
C’est le moment de se trouver un café. En voilà un, on se gare. Installation en terrasse. On ouvre les blousons. Il fait bon. Les discussions vont bon train. Tout le monde est ravi. Les habitués de l’établissement rappellent l’ambiance des cafés d’antan. Tout le monde se retrouve autour de petites tables. Ça discute. Tout le monde se connaît. Bonne ambiance. On se dit que cela se fait rare de nos jours. Bertrand nous offre le café. Il fête sa nouvelle monture. On le remercie bien. Et nous voici prêts pour faire les derniers kilomètres qui nous séparent de l’objectif : Les 9 écluses de Fonserannes.
Aux abords de BEZIERS, elles sont indiquées, nous n’avons qu’à suivre les panneaux. Nous arrivons sur un superbe parking neuf où des emplacement « motos » nous attendaient. Le temps de prendre quelques photos et nous voilà, à pied cette fois-ci, en direction de l’ouvrage, avides de culture locale, d’architecture, d’Histoire et d’explications scientifiques.
« Bonjour Messieurs, je peux vous aider ?» nous interpelle une femme au coin du parking. Ce à quoi nous répondons « Nous venons voir les écluses ». Mais ce qui nous paraissait évident, s’avère impossible. Le chef d’œuvre de Pierre-Paul RIQUET est, si arbitrairement, ôté du regard du public par des barrières et des barricades jusqu’en juillet. C’est du moins ce que nous apprend cette hôtesse de l’office du tourisme, qui avait dû faire de nombreux malheureux, qui plus est un dimanche ! J’espère que ces travaux occultes ne vont pas rendre une perle de notre région payante.
Face à une telle injustice, en dignes et respectables motards, nous disons « On mange où ? ».
C’est ainsi que nous décidons de nous rendre à VALRAS PLAGE. Route somme toute banale si ce n’est que ce doit être un sacré bordel en été. Nous nous frayons un chemin jusqu’à la place centrale. « Centrale » est un bien grand mot car elle se trouve en bord de mer.
Motos garées, nous discutons quelques minutes de choses et d’autres. C’est l’occasion de prendre d’autres photos. Puis, par je ne sais quel mécanisme (seul un sociologue pourrait l’expliquer) un restaurant est désigné. Il ravit tout le monde. Ce doit être pour sa proximité avec la mer, le parking et j’imagine, son prix raisonnable. Là encore, en l’honneur de la nouvelle acquisition de Bertrand, un coup à boire nous est offert. Une fois restaurés, nous prenons la route en direction de PORT VENDRES.
De la petite route sans intérêt particulier. Sitôt le port atteint, nous tournons à gauche juste après le petit pont. A notre grand étonnement, après plusieurs dos d’ânes et nid de poules nous ne croisons aucune chèvre ! Ce chemin des plus hasardeux nous permet de franchir l’Aude et de rejoindre NARBONNE. Nous profitons du nouveau contournement sud de l’ancienne colonie romaine pour prendre la direction de CARCASSONNE.
Pour agrémenter ce chemin du retour, nous faisons un détour, avec comme objectif de passer par LAGRASSE. Sur cette route nous croisons un roadster arrêté à un rond point. Comme son propriétaire ne manifeste pas de signe de détresse, nous nous contentons de lui adresser un signe amical. Sur cette route d’arrière-pays peu fréquenté, nous adoptons un rythme de croisière raisonnable.
Au loin, nous apercevons un groupe de motards d’une quinzaine de motos. Tout à coup, dans un bruit sourd et rageur, nous nous faisons déposer par le roadster croisé auparavant. Il rejoint sa tribu ! Nous restons sage en maintenant notre vitesse. Et c’est suffisant pour, petit à petit, rattraper les étrangers. Cependant nous ne les doublons pas.
Cela aurait été plaisant de fusionner, mais ce mélange aurait provoqué à coup sûr confusion et erreurs de parcours. D’ailleurs voilà l’autre groupe qui tourne à droite en direction de LEZIGNAN CORBIERES alors que nous continuons vers LAGRASSE. Ces routes rectilignes finissent par nous mener au village.
C’est l’occasion de s’arrêter à l’une des nombreuses terrasses de café. D’autres motards ont eu la même idée que nous, notamment un « sidecardiste ». A voir la boue sur les roues de son Ural, il a choisi d’autres types de chemins pour s’amuser. Après ce moment de détente convivial, nous nous apprêtons à emprunter la route sinueuse et touristique qui mène à VILLEMAGNE.
La route est bonne, c’est du billard ! On longe la rivière « Le Sou » dans une vallée à moitié rocher à moitié pinède. Nous ne somme pas les seuls à profiter de ce chemin pittoresque, nous croisons des marcheurs. On reste prudent, la route n’est pas très large. Ce sont quand même 10km de plaisir que l’on apprécie grandement.
Puis la route devient plus banale jusqu’à CARCASSONNE en passant par PRADELLE-EN-VAL. Là, le ton change, certains trouvent le rythme trop lent et passent devant. Ça monte d’un ton ! La route est connue, mais pas tous les pièges des gendarmes. Nous croisons une de leurs voitures qui est en poste (sans commentaires). Puis nous filons vers MONTOLIEU. Après quoi la route devient de nouveau intéressante.
Ça roule bien. Nous dépassons facilement de rares voitures. Il faut être vigilant. On a fait 300km aujourd’hui ! On se laisse porter par l’enthousiasme, et l’on ne ressent pas de fatigue. Mais elle est bien là. SAISSAC. On est bien chauds, contrairement à la température ambiante, qui elle, ne fait que chuter depuis que l’on s’éloigne de la mer. Peu importe. On est motivés. On est en terre connue. La poignée se tourne facilement. On reconnaît le moindre virage, la moindre ligne droite. On sait quand il faut freiner, comment s’enchaînent les courbes. On croise des voitures, ha oui, c’est vrai on est en route ouverte ! Le circuit c’est à Albi !
De temps en temps, entre les arbres on distingue le lac de St Fé. Enfin, plutôt le trou de St Fé. Et oui, la sortie est bientôt terminée. Déjà Jean-Marc nous fait signe car il ne descend pas sur SOREZE. On tourne à droite pour rejoindre PONT CROUZET. Ha oui, il y a encore cette portion intéressante. Bien qu’on la prenne en descendant, c’est tout de même plaisant. Et pour une fois, pas de voiture à doubler ! Le champ est libre. On se balance à droite, à gauche, les uns après les autres dans cette route bien connue.
On fait un dernier arrêt à PONT CROUZET. Nous échangeons nos impressions : « ça fait du bien de se lâcher sur la fin ! ». « Vous avez vu les gendarmes ? »…
Et c’est le moment de se dire au revoir, avec, je pense, chacun le sentiment d’avoir passé une excellente journée ensemble.